Guide Ange & Jean des musées littéraires du Royaume-Uni

La galerie George Eliot


OÙ ?

À Nuneaton dans les environs de Birmingham. 80 000 habitants. Un (grand) centre-commercial. Un (petit) musée.

QUOI ?

Nuneaton honore la mémoire de son enfant la plus illustre (avec Ken Loach) au sein du Museum & Art Gallery. L'institution propose trois expositions permanentes dévolues, outre à George Eliot, à une poignée de peintures et à l'histoire du passé industriel de Nuneaton. (À cet égard, les antiques et massifs radiateurs en fonte installés au milieu de certaines salles comptent sans nul doute parmi les objets les plus remarquables conservés.) Le musée organise aussi des expositions temporaires.

En ce qui concerne George Eliot, deux salles lui sont réservées. Si vous n'avez pas d'enfant avec vous, vous devrez puiser dans vos propres ressources de naïveté et d'enthousiasme pour jouir de la première où votre attention sera d'abord attiré par un masque de l'auteur de Silas Marner fixé à une table au-dessus d'un coffre faisant office de “story-box”.

Ensuite s'offriront à votre contemplation des murs en blanc et rouge vif ornés de questions (“Why do we share stories?” ; “What did George Eliot read?”) et panneaux pédagogiques divers. Une citation signée par Virginia Woolf constitue la pièce maîtresse de cet ensemble scriptuaire moderne à la qualité d’exécution indéniable : “We must lay upon her grave whatever we have it in our power to bestow of laurel and rose.”

Sans doute pour illustrer cette injonction, la salle offre une petite vitrine contenant quelques exemples de l'exploitation commerciale que George Eliot généra à ses heures de plus grande popularité. Une boite de soupe à son effigie ravira notamment les amateurs de Pop Art. L'on apprendra toutefois avec étonnement que l'auteur d'Adam Bede a inspiré moins les industriels que Harry Potter.

Après avoir parcouru cette première salle destinée avant tout aux plus petits, le visiteur trouvera dans la seconde une exhibition de style plus traditionnel. Son ensemble majeur est constitué par des statues de cire représentant George Eliot elle-même et son compagnon G.H. Lewes discuter dans leur salon avec John Cross – qui devait épouser George Eliot après la mort de G.H. Lewes. Autour de cette scène tranquille, quelques autres meubles et vêtements de George Eliot ainsi qu'une série d'illustrations de Daniel Deronda retiendront encore quelques instants le curieux avant que ne prenne fin sa visite.

ALORS ?

Nous ne nous dissimulerons pas notre déception d'avoir accompli (depuis Gloucester) le trajet à Nuneaton pour une galerie aussi pauvre en objets et documents au sujet d'un des plus grands auteurs de la littérature britannique. Nous n'avons guère apprécié non plus sa partie enfantine qui mérite davantage le qualificatif de puéril (ce masque, vraiment...), mais passons sur le manque d'ambition qui semble présider à l'éveil des jeunes esprits chez nos voisins.

Nous comprenons bien qu'une ville comme Nuneaton n'offre guère d'attractions dans son ensemble et qu'une exposition plus soignée et ambitieuse dédiée à George Eliot, qui requerrait des fonds difficiles à réunir dans un pays devenu si rétif aux investissements publics, n'attirerait sans nul doute guère les foules. Il n'empêche, cela ne peut seul suffire à justifier des lieux de commémorations miteux. À ce compte, autant transformer tout de bon la galerie en crèche, et se borner à fleurir la tombe de George Eliot avec des lauriers et des roses (en plastique).

Nuneaton, Nuneaton ...

QUELQUES VUES DE NUNEATON

Statue de George Eliot






18 mai 2015
(Crédit photo : Jean Ange)

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